Je produis un essai - Exemple de copie d'élève

Sujet d'essai traité par un élève de première STMG. Cet élève a obtenu la note de 7/10.

« Annie Ernaux nous dit dans le sujet qu'elle pensait que devenir autrice réparerait les injustices sociales qu'elle a subies depuis sa naissance. La question est : est-ce qu'un ouvrage peut tenter de faire cesser les injustices ? Je vais commencer par vous exposer comment une œuvre littéraire peut combattre les injustices, puis je vais poursuivre en vous expliquant pourquoi et comment, selon moi, certaines œuvres n'ont pas réussi à engager le combat.

Une œuvre littéraire et artistique peut combattre indirectement les injustices en servant d'élément déclencheur pour les personnes concernées par ces injustices comme par exemple la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, écrite pendant la révolution par Olympe de Gouges et sa célèbre phrase du préambule : « Femme, réveille-toi ! », montrant ici un appel à la révolte pour les femmes en luttant contre la condition de celle-ci. On pourrait aussi citer « I have a dream », discours de Martin Luther King qui a servi d'élément déclencheur à l'abolition de la ségrégation en Amérique du Nord de manière pacifique. Leurs mots n'ont pas directement fait cesser les inégalités mais ont déclenché peu ou beaucoup de temps après des abolitions ou la régression des inégalités.

Certaines œuvres n'ont pas combattu mais ont permis de pouvoir relever des inégalités, et ont donc mené à des combats contre celles-ci dans le système dans lequel ils vivaient : je pense notamment à Jean de La Fontaine, connu pour ses poèmes à visée sarcastique (« fables satiriques » serait sans doute une expression mieux choisie), par exemple « Les Animaux malades de la peste » où chaque animal correspond à une classe sociale pour pouvoir éviter la censure. Cela permet également aux plus intelligents de saisir les subtilités. C'est donc une forme de combat indirect. Il y a également Marivaux, dans L'Île des esclaves qui critique à travers l'histoire (d'une île où les valets deviennent maîtres et inversement) l'abus de pouvoir de la classe bourgeoise et permet de critiquer la pratique de l'esclavage. Je pourrais également évoquer Montesquieu et la lettre 161 tiré des Lettres Persanes avec le sacrifice de Roxane servant à montrer l'abus de pouvoir ainsi que la supériorité masculine. Certains textes ne sont cependant pas aptes à combattre les inégalités et voici pourquoi...

Si certains textes arrivent à combattre l'inégalité, d'autres n'y arrivent pas à cause de plusieurs facteurs dont la censure qui fait que certaines œuvres sont bloquées après leur sortie ou ne sortent tout simplement jamais. Certains textes ne sont pas censurés mais ne peuvent pas être publiés à cause de la dangerosité de la situation : je pense notamment au Journal d'Anne Frank qui a seulement servi de témoin pour la condition des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale et non pas de combat au moment de sa publication, puisque la guerre était finie.

Un autre facteur est aussi la diffamation sur l'auteur afin que la population n'achète pas le livre (le boycott) qui a été utilisé sur Olympe de Gouges qui était traitée de « concubine » et de « fornicatrice » car elle avait décidé de rester veuve et de ne pas se remarier afin de pouvoir publier ses livres et donc de conserver sa liberté d'expression. Il y a également les cas où les concernés ne sont pas au courant qu'elles ont des conditions de vie anormales ou bien qui acceptent leur sort comme toujours dans la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne où les femmes n'étaient simplement pas prêtes à entendre le message d'Olympe de Gouges, elle était juste en avance sur son temps. Ce sont, selon moi, les seules situations où les créations littéraires et artistiques ne peuvent pas combattre les inégalités. »